De la préparation linguistique et mentale pour appréhender un parcours de Mobilité Internationale | ML du pays basque
Pour un jeune qui est suivi en Mission Locale, la Mobilité Internationale c’est l’opportunité de vivre une expérience qui va lui permettre de développer des « soft skills » dans son parcours, c’est-à-dire des compétences sociales qui lui permettront d’accéder à plus d’autonomie. Nous voyons les impacts qu’une Mobilité peut avoir pour les jeunes qui reviennent, notamment en termes d’accès à l’emploi.
Ayant moi-même bénéficié d’un parcours Mobilité lorsque j’étais étudiant, je me suis toujours intéressé à cette thématique. Je suis profondément convaincu de ses avantages sur l’insertion professionnelle et personnelle. J’avais envie de développer ce type d’outil dans notre Mission Locale pour permettre à des jeunes d’accéder à ce parcours.
Le rôle du référent mobilité est de donner aux jeunes le maximum d’informations sur les dispositifs qui existent. Il doit les accompagner à la fois dans la mise en place de ces projets Mobilité et dans les démarches précédant le départ : constitution du dossier, travail de préparation, etc.
Quels dispositifs ?
Dans notre Mission Locale, nous avons principalement recours à trois dispositifs de Mobilité Internationale :
- Au programme « Take Off », d’abord, qui est un projet régional porté par l’association Pistes Solidaires. Il s’agit d’un projet de volontariat à court terme à destination de jeunes qui ne connaissent pas – ou peu – d’occasions de vivre une expérience à l’étranger. Cela peut être une première étape dans l’expérience de la Mobilité Internationale. Depuis mai 2018, 24 jeunes de notre Mission Locale sont partis dans le cadre du programme « Take Off ».
- Au dispositif « Erasmus + OUAT », ensuite. Il est à destination de jeunes qui ont besoin de développer des compétences linguistiques et professionnelles, mais qui sont suffisants autonomes pour envisager un départ à l’étranger. Depuis le début de l’année 2019, 5 jeunes ont bénéficié de ce dispositif et 7 autres sont sur le départ dans notre Mission Locale. Nous avons eu 17 prescriptions. Ce dispositif prend de l’ampleur, avec des départs principalement à destination de Malte et de l’Irlande.
- Enfin, nous avons recours à un partenariat avec l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse qui propose un programme découpé en deux axes. D’un côté, un projet individuel de stage en entreprise d’une durée de 12 à 24 semaines au Québec. Dans le département des Pyrénées-Atlantiques, ce dispositif concerne une dizaine de jeunes. De l’autre, un projet collectif d’immersion culturelle et professionnelle pendant 15 jours. En juin 2019, nous avons passés la première semaine à 300 kilomètres de Montréal, dans un petit village québécois, afin que les jeunes découvrent la vie et à la culture locale. Nous sommes ensuite restés à Montréal durant la deuxième semaine. Il s’agissait, cette fois, d’être confrontés à la grande ville, aux sociétés d’Amérique du Nord, de voir les différentes dans l’approche et dans le recrutement des entreprises, etc. C’est d’ailleurs quelque chose qui a beaucoup marqué les jeunes par rapport à ce qu’ils connaissaient en France : les recruteurs québécois parlent davantage de savoir-être, de bonne volonté, de motivation ou encore d’attitude plutôt que de diplômes. Nous ne sommes pas sur les mêmes schémas qu’en France.
En juin 2019, ce sont 4 jeunes de notre Mission Locale qui ont été retenus. J’ai d’ailleurs moi-même été retenu pour accompagner le groupe.
Que faites-vous pour favoriser et valoriser le départ en mobilité des jeunes ?
Je m’appuie beaucoup sur la communication interne pour favoriser le départ en Mobilité des jeunes. J’interviens régulièrement auprès de l’équipe pour présenter les dispositifs. L’objectif étant que les conseillers puissent avoir un premier niveau d’information leur permettant de parler de la Mobilité aux jeunes. Je mets également en place des ateliers d’information mensuels vers lesquels les conseillers peuvent orienter les jeunes intéressés par un départ. Cela favorise l’accès à la Mobilité Internationale car les jeunes se positionnent en fonction de leur envie, de leurs possibilités et de leur projet. Je les guide ensuite sur l’un ou l’autre des dispositifs, avant de constituer les dossiers de candidatures. Je suis la personne qui facilite l’accès à ces dispositifs : à la fois auprès des conseillers de l’équipe et auprès des jeunes. Demain, par exemple, j’ai un atelier avec 8 jeunes !
Par ailleurs, la communication sur les actions, en lien avec notre chargée de communication, l’ARML Nouvelle-Aquitaine ou encore le service Mobilité Internationale d’AMILAURA à Lyon, me permet de valoriser le départ en Mobilité des jeunes. Je fais des groupes d’échange « What’s app » avec les jeunes afin qu’ils m’envoient des témoignages et des photos de leur parcours. Cela nous permet d’avoir des nouvelles, de les montrer aux collègues et aux autres jeunes, mais aussi de les diffuser. Je fais également venir un jeune de retour de Mobilité à chaque atelier. Il raconte ainsi son expérience, comment il a vécu sa Mobilité, ce que cela lui a apporté, etc. C’est très rassurant pour les jeunes présents aux ateliers.
Quelle difficulté pouvez-vous rencontrer en assurant votre rôle de référent ?
Un jeune qui se rétracte au dernier moment, cela nous met forcément en difficulté, mais nous ne les forçons pas à partir. C’est quelque chose qu’ils ont envie de faire et ils sont souvent motivés pour ce type de parcours. C’est important de les accompagner pour que tout soit bien pour leur départ.
Quelle satisfaction en retirez-vous ?
Je suis satisfait lorsque je vois que le projet est abouti, que le jeune est lui-même satisfait. Parce que c’est rattaché à l’idée de voyage et de vivre une expérience unique à l’étranger, les jeunes sont souvent très contents de ce service. C’est toujours sympa pour nous ! Je suis convaincu de l’efficacité de ces programmes et de la qualité, c’est-à-dire l’impact que la Mobilité a sur les suites de parcours.
Que dites-vous à un jeune qui hésite à partir ?
Je lui dis de bien prendre le temps, quand même. Il ne faut jamais précipiter. Si quelqu’un n’est pas prêt à partir, il n’est pas prêt. Mais j’essaie toujours de valoriser les aspects positifs de ce départ. Nous travaillons avec des partenaires de qualité, nous ne lâchons pas les jeunes dans la nature. Mais, de toute manière, la première des choses à lui dire, c’est que la décision lui appartient.
Est-ce que vous avez des projets liés à la mobilité internationale ?
Déjà, poursuivre ce socle que nous développons depuis un an et demi sur des offres de volontariat et de stage, ainsi que sur le partenariat avec le Québec. Nous sommes toujours à l’écoute pour développer de futurs partenariats et de nouveaux axes de travail pour renforcer cette offre de Mobilité Internationale.
Nous essayons par exemple de mettre en place des actions avec nos partenaires espagnols en Pays-Basque, notamment autour de la question de l’orientation professionnelle. Cela fait sens au regard de l’aspect transfrontalier de notre territoire, mais nous sommes, pour le moment, en attente de réponses.
Nous tâchons aussi d’appréhender cette période de Mobilité Internationale comme un parcours au sein duquel nous prenons en compte l’avant et l’après Mobilité. Avec le psychologue de la Mission Locale, nous travaillons à l’élaboration d’une période de préparation au départ pour les jeunes qui en ont le plus besoin pour les aider à surmonter leurs craintes. La peur d’avoir un niveau de langue étrangère insuffisant est notamment très largement évoquée par les jeunes. Nous avons ainsi eu l’idée de nous appuyer sur la ressource du dispositif parrainage pour élaborer des modules de préparation linguistique à la Mobilité Internationale. L’idée est de mobiliser, en interne, des parrains et filleuls au sein d’ateliers de conversation. Nous expérimentons pour l’instant, puis on verra ce que ça donne ! Mais nous estimons que la préparation linguistique et mentale est importante pour appréhender un parcours de Mobilité Internationale.
Ce que je trouve intéressant, c’est le fait d’aller à la rencontre d’autres référents Mobilité Internationale et de jeunes à l’étranger. Participer à la formation DEMO, ça m’a ainsi motivé à développer ce type de dispositif auprès des jeunes. Je le recommande à toutes les personnes qui œuvrent dans le champ de la Mobilité Internationale !