Tour de France du Travail Pénitentiaire
Après une première étape réussie en Île-de-France, le Tour de France du Travail Pénitentiaire poursuit son chemin et pose ses valises en Nouvelle-Aquitaine. Prévue le 26 mai, cette visite a mis en lumière la thématique de l’emploi en milieu fermé. Samia Riffaud, élue membre du bureau de l’ARML et présidente de la Mission Locale de Limoge et Laurence Maubourguet directrice de l’ARML Nouvelle-Aquitaine, étaient présentes pour représenter le réseau et apporter leur expertise sur cette question cruciale.
Le réseau des Missions Locales a répondu à l’invitation du Ministère de la Justice et s’est engagé activement dans le premier Tour de France du Travail Pénitentiaire, dont les objectifs sont les suivants :
- Le travail en milieu carcéral comme vecteur d’insertion professionnelle
- Offrir une rémunération aux détenus et la possibilité d’indemniser les victimes potentielles
- Favoriser la sociabilisation des détenus
- Développer le savoir être et les compétences professionnelles de chacun
Cette initiative offre une occasion unique de mettre en avant le travail des Missions Locales dans le domaine de la réinsertion des jeunes en milieu carcéral. L’ARML NA a profité de cette opportunité pour rappeler l’importance de l’action menée par les conseillers référents justice au sein des établissements pénitentiaires de la région.
En 2022, dans notre région, 794 jeunes ont bénéficié de l’accompagnement judiciaire. L’objectif : renforcer le partenariat et apporter des solutions adaptées aux besoins spécifiques des jeunes sous-main de justice (récidive/sortie). L’ARML Nouvelle-Aquitaine appelle à la mise en place d’une convention ou d’un accord-cadre entre le réseau national UNML, régional ARML et le ministère de la Justice. L’objectif est de permettre à ces jeunes de bénéficier d’un accompagnement adapté, favorisant leur accès aux services de droit commun et préparant ainsi leur insertion sociale et professionnelle. Il est essentiel d’assurer la cohérence du parcours du jeune en tenant compte de sa situation judiciaire et de coordonner étroitement les interventions des services du ministère de la Justice et des missions locales, en lien avec les différents partenaires.
Pour en savoir plus :
Les conseillers référents justice : un rôle essentiel dans la coordination
Les conseillers référents justice jouent un rôle essentiel dans l’accompagnement des parcours des jeunes sous-main de justice. Leur intervention vise à prévenir la récidive en anticipant la sortie de détention et en accompagnant ces jeunes vers une réinsertion réussie. Grâce à leur expertise et à leur coordination avec les acteurs du milieu judiciaire, ils facilitent l’accès aux dispositifs d’accompagnement et veillent à la cohérence des actions menées. Leur présence est un véritable soutien pour les jeunes, les aidant à reconstruire leur vie et à envisager un avenir meilleur.
L’urgence des besoins de financement spécifiques
Malgré les succès et les résultats obtenus, il est crucial de souligner que des besoins de financements spécifiques sont nécessaires pour soutenir pleinement les actions des Missions Locales auprès de ces jeunes sous-main de justice. Ces financements permettront de renforcer les dispositifs d’accompagnement, d’offrir des formations adaptées, de favoriser l’accès à l’emploi et de garantir une continuité de suivi après la sortie de détention.
L’accompagnement de ces publics nécessite des partenaires solides et une connaissance approfondie des nombreuses offres de services des partenaires qui composent l’écosystème judiciaire. Cela demande du temps et des moyens financiers spécifiquement dédiés, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Exemple d’action portée par les Missions du département de la Vienne
En partenariat avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP), les 3 Missions Locales de la Vienne ont fait bénéficier à de jeunes détenu(e)s du Centre Pénitentiaire de Vivonne (86) d’un dispositif innovant d’accompagnement vers l’emploi, par le coaching et le parrainage : 100 Chances 100 Emplois. Une première en France !
Le dispositif 100 chances 100 emplois
Déjà déployé dans 37 villes françaises depuis 2005, ce dispositif national n’a jamais été proposé à des jeunes en milieu carcéral ! Il est construit en partenariat avec des acteurs économiques, de l’emploi et de l’insertion. 100 Chances 100 Emplois vise à insérer un jeune public (18-30 ans) dans le monde professionnel en l’accompagnant jusqu’à l’emploi durable. 6 000 jeunes ont intégré le programme depuis son lancement. Pour la première fois, des jeunes incarcérés vont pouvoir en bénéficier et ainsi préparer leur sortie.
Les 3 Missions Locales de la Vienne (86) sont à l’initiative de ce projet innovant. Engagées aux côtés des jeunes dans 100 Chances 100 Emplois depuis Juin 2017 poursuivi jusqu’en 2022, elles se sont rapprochées du SPIP de la Vienne pour en proposer une déclinaison auprès de leur public. La direction du Centre Pénitentiaire de Vivonne a vite pris en compte la plus-value de ce genre d’action pour son public et a été facilitatrice pour sa mise en place.
100 Chances 100 Emplois implique des associations comme les missions locales et des acteurs économiques (représentants d’entreprises) qui, au travers de leur participation, s’engagent dans une dynamique sociale et sociétale. En effet, à titre de parrain/marraine, ils apportent leur expertise, leur réseau professionnel et leurs conseils aux jeunes bénéficiaires, dans l’objectif de faciliter leur parcours d’insertion. Le programme d’origine a prouvé son efficacité : 76% des jeunes intégrés sont en emploi ou en formation 6 mois après.
Objectif final
L’objectif final de cette déclinaison en milieu carcéral est de permettre à chaque jeune détenu(e) d’entrer dans une dynamique d’anticipation de sa sortie et de son avenir. Accompagné(e) par les missions locales et les entreprises marraines, le/la jeune détenu(e) pourra envisager un avenir professionnel plus sereinement. C’est en rendant le jeune acteur de sa réinsertion que l’on réduit les risques de récidive. Le ministre souhaite qu’en 2027, 50% des détenus puissent soit travailler soit intégrer la formation.